L'omniprésence des mèmes ne s'est pas arrêtée à la quinzième documenta, et la ruangrupa s'en est félicitée. Entre autres choses, ils ont été officiellement exposés aux côtés de dessins, de photos, de croquis et d'autres documents visuels en tant que Harvest, c'est-à-dire en tant que produits créatifs de l'enregistrement de rencontres partagées. Les mèmes ont également été produits par les médiateurs artistiques et partagés entre eux, servant souvent de moyen de partage et de réflexion sur leur propre travail. Ce texte prend ces mèmes comme point de départ d'une réflexion sur l'exposition. Il s'interroge sur la fonction des mèmes dans le travail des médiateurs et sur la manière dont ils ont été affectés par eux - à la fois par leur contenu, en tant que forme de commentaire authentique, et en tant que pratique collective répartie entre les groupes. Ce faisant, il aborde également la tension entre la transparence et l'(auto)protection qui découle de l'enregistrement d'expériences partagées (en tant que médiateurs artistiques) sous la forme de mèmes, la tentative d'appropriation de pratiques subversives et la question de ce qui finit ou non par se retrouver dans les archives de la documenta. Enfin, il aborde également le travail sur les soins et les relations, dans le cadre d'une forme élargie de médiation collective.